Chapelle Notre Dame de Cambe, Brugnac Castelmoron Sur Lot 47260
Notes: Archives départementales du Lot et Garonne extraits des notes de chamoine Durengues
Saint patron: A la nativité de la vierge, fête le 8 septembre
Nicolas de Villars visita l'église de Cambes en 1897, il la trouva sans toit, sans cloche, sans porte, sans autel et sans fonts. Il n'y avait pas d'ornement et l'on n'y disait la messe que deux ou trois fois l'an. Elle était à demi-couverte en 1696 et couverte en entier en 1673. On lit à son sujet dans le verbal de Mascaron: L'église est entièrement champêtre n'ayant que deux ou trois maisons à plus de vingt pas. Elle est située dans un vallon, longue de sept cannes, large de neuf, ni voûtée, ni lambrissée. Le clocher est en bas sur la porte en triangle. Une partie du cimetière usurpé par les huguenots et abandonné par eux est défraîchi et le revenu de neuf ou dix livres est employé à l'entretien de l'église. En 1899, les habitants ont fait fondre la cloche.
Le presbytère construit après 1744, avec trois cartonnats de terre et neuf cartonnats de vigne, d'une valeur locative de 80 livres, fut vendu 1760 livres pendant la révolution.
Tout d'abord, merci à la pierre levée du moulin de Roquepiquet car sans elle, cette merveille qui se meurt lentement, doucement, sans bruit, ne nous aurez pas ouvert ses bras pour nous montrer son désespoir. Oui elle est désespérée cette église de toute son âme, de toutes ses pierres. Pourtant, le lieu est serein, loin de tout, au bout du monde et c'est bien là le drame, oubliée au fond d'un vallon.
L'arrivée se fait par un chemin en herbe, une mare déverse son trop plein dans un fossé ponté où un seul pilier de l'entrée a résisté à l'assaut du temps. Un portail en fer entièrement rouillé dont il ne reste qu'un seul ventail enchevêtré dans un arbre. Sur le bas du portail, un visage d'enfant ou d'un angelot en son centre que les rayons blancs d'un soleil matinal d'hiver réchauffent. Le bruit apaisant de l'eau qui coule entre les pierres apporte une sérénité, confère au lieu une majesté dans sa misère.
Rien dans la nature ne peint mieux que la puissance de ses droits. Elle est là envahissante reprenant des droits sur celle qui fut la maison de Dieu. Elle libère sa force, dominante elle dégrade se frayant des passages pour dominer à jamais la pierre de cet édifice. La pluie qui aura versé ses ondées, le gel qui aura séparé les éléments matière, le soleil qui aura alimenté la photosynthèse, elle est en ce lieu pour nous signifier "Tout reprend son âme même la nature".
Le calvaire de pierres moussues vous accueille mais sa croix est tronquée où est-elle, enfouie sans doute!!!. Les tombes du cimetière sont envahies par les ronces, les orties, seuls s'élèvent avec force et vigueur un cyprès et des buis plus que centenaires. Les fonds baptismaux hexagonaux gisent, jetés face contre terre, devant l'entrée de l'église. Le portail plein cintre repose sur ce qui devait être deux faces humaines. Des arbres poussent à l'intérieur de la nef, ainsi que sur ses hauts de murs. L'autel appuyé au fond du choeur atteste de l'oubli depuis des décennies voir des siècles de ce lieu, pourtant les trois marches sont présentes pour l'élévation..............
Dans le choeur, une rangée de billettes peintes de couleur rouge, délavée par les pluies atteste de l'envie de plaire de cette chapelle de campagne, simple et robuste. Lieu hors du temps, fait de silence, de lumière, de paix. Vous partez sans vous retourner, ému, impuissant et honteux tant c'est un crève-coeur, un patrimoine qui se meurt.......